Conservation de la biodiversité

UC6 - Economie écologique

Simon Jean

AgroParisTech - CIRED - PSAE

I. Introduction

Politiques multilatérales pour la biodiversité

Keunming-Montreal Global Biodiversity Framework:

  • Fait suite à l’échec des objectifs d’Aichi à enrayer la perte de biodiversité
  • Structuré autour de 4 grands objectifs pour 2050 :
  1. “Protéger et restaurer” : améliorer la santé des écosystèmes, stopper les extinctions causées par l’homme, maintenir la diversité génétique
  2. “Prospérer avec la nature” : utiliser la biodiversité de manière durable
  1. “Partager équitablement les bénéfices” : partager les avantages monétaires et non monétaires issus de la biodiversité, y compris avec les communautés autochtones
  2. “Investir et collaborer” : garantir des moyens de mise en œuvre accessibles, en particulier pour les pays en développement
  • Et 23 cibles à atteindre d’ici 2030, dont la célèbre “30 x 30” (cibles 2 et 3)
  • Avec des indicateurs associés et un suivi régulier

Avec un appui scientifique de l’IPBES

  • Interdisciplinary Panel on Biodiversity and Ecosystem Services (Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques)
  • Fondée en 2012 sous l’égide du PNUE
  • Compile des données scientifiques sur l’état de la biodiversité et des services écosystémiques
  • En quelque sorte, l’équivalent du GIEC pour le vivant

II. Les services écosystémiques : une métaphore au service de la décision

A. Définition et histoire des services écosystémiques

1. Histoire et formulation écologique

Première référence en 1983

  • Ehrlich and Mooney, 1983 (BioScience): «Extinction, substitution and ecosystem services»

David Pearce (1941 - 2005) : économiste de l’environnement et écologique

  • Regard critique sur les approches des économistes ayant répondu au Rapport Meadows
  • Nombreuses publications dans les années 1980 qui soulignent:
    • Il faut prendre en compte le capital naturel présent dans le capital productif
    • On connaît très mal la productivité du capital naturel alors que c’est nécessaire pour comparer les productivités relatives des différents capitaux
    • Le capital naturel a pour avantage de produire plusieurs B&S en même temps
  • A l’origine de la notion de SE comme flux lié au stock de capital naturel

2. Le modèle stock-flux: le capital naturel

La notion de service écosystémique en écologie

Voir l’article de Gomez Baggethun et al. 2009, Ecological Economics

Tilman D., Downing J.A. (1994), Biodiversity and Stability in Grasslands, Nature 367: 363-365

Ensemble des processus d’un système écologique, qu’ils servent aux humains ou pas (Loreau et al., 2002; Hector et al., 2007)

Histoire et définition

  • Dans les années 1970, le vocabulaire économique est de plus en plus utilisé, pour mettre en avant la dépendance des sociétés aux écosystèmes naturels
    • Formulation utilitariste mais sans valeur d’échange, c’est la valeur d’usage qui prime
  • L’idée est d’abord pédagogique : on illustre l’impact de la disparition de la biodiversité pour les humains
  • Dans les années 1990, le Beijer Institute lance un programme sur la question
  • En 1997, le papier de Costanza et al. dans Nature est une petite bombe
  • Dans les années 1990, le concept prend dans l’arène politique :
    • Approche écosystémique du UNEP
    • Millenium Ecosystem Assessment (2003) met le concept à l’agenda politique
      • Framework anthropocentré, qui place ceci dit la dépendance des sociétés humaines
    • Création de l’IPBES en 2012
  • Il acquiert une valeur monétisée, qui va mener à son appropriation et à son échange
  • Notamment pour être protégé, puis pour entrer dans la comptabilité nationale comme mesure équivalente (Boyd and Banzhaf, 2007)

B. La mise en valeur des services écosystémiques

1. Qu’est ce qu’une valeur?

  • Mesure d’un attribut quantifiable :

    • Diversité alpha d’un système alpin par exemple (i.e. quantité d’espèces)
    • Quantité monétaire associée à une fonction écologique : valeur de la pollinisation par exemple
  • Préférence accordée par les individus à des choses, états ou entités : préférence personnelle pour un type d’écosystèmes

  • Référence à des éléments collectivement reconnus qui génèrent des normes (politiques, morales, religieuses) : on les trouve dans la Déclaration des Droits de l’Homme, dna sles codes religieux

    • “valeur intrinsèque de la diversité biologique”
  • Avec la biodiversité, on parle souvent des trois, on y reviendra

2. Quelles valeurs mesure-t-on?

  • Le concept de valeur économique totale émerge des travaux de John Krutilla (1967, Conservation Reconsidered)

  • Pour mesurer la valeur associée à la destruction d’une partie des écosystèmes, pas directement de la Nature, puisqu’il n’y a plus de valeurs sans elle

  • La valeur d’usage qui peut être:

    • Directe: les valeurs associées à la consommation directe de ressources issues de l’environnement (poisson, bois etc), c’est à dire aux services écosystémiques de provision ou de contributions de la nature aux populations matérielles
    • Indirecte: les valeurs associées au fonctionnement des écosystèmes, qui donnent des services écosystémiques de régulation, comme la séquestration du carbone, ou le filtrage de l’eau, ou de contributions de la nature aux populations de régulation
    • d’option: la possiblité d’utiliser dans le futur à la fois pour la préservation et l’exploitation économiques des écosystèmes jusque là préservés, ou non utilisés
  • La valeur de non usage :

    • de legs : la valeur associée à la possibilité pour les générations futures de bénéficier de la nature, au travers de contributions de la nature aux populations matérielles et immatérielles
    • d’altruisme : la valeur qui correspond à la volonté de préserver l’environnement au sein d’une même génération
    • d’existence : la valeur correspondant à la protection de l’environnement pour un motif intrinsèque, délié des considérations anthropocentriques

3. Comment mesurer les services écosystémiques et leurs valeurs?

  • On peut mesurer les aspects biophysiques des services écosystémiques : quantité de carbone stockée par une forêt par exemple
  • On peut ensuite essayer de leur donner une valeur économique. Cela nécessite de :

  1. Identifier clairement les éléments affectés, par une politique publique, un accident, bref, identifier une [chaîne causale]
  2. Mesurer la relation bio-physique entre un processus environnemental et les dommages causés aux éléments identifiés
  3. Estimer les changements qu’opèrent les éléments affectés, pour absorber les conséquences des processus environnementaux
  4. Placer une valeur monétaire sur les conséquences inabsorbées

Toutes les mesures de valeurs se valent-elles?

  • Les valeurs les plus simples à mesurer sont celles d’usage direct
    • On a des prix de marché que l’on peut utiliser, qui font se rencontrer les préférences et la technologie : c’est le gold standard de l’évaluation
    • Ou encore des coûts de remplacement, plus ou moins explicites, bien qu’ils n’aient pas la partie “adaptation” dans les cas purement techniques
      • Wetlands, Flooding and the Clean Water Act de Drunkenmiller et al., 2022 :
        En utilisant les données des programmes d’assurance, “the average hectare of wetland lost between 2001 and 2016 cost society $1,840 annually, and over $8,000 in developed areas.”
  • Les valeurs d’usage indirectes n’ont bien souvent pas de prix de marché :
    • Le prix d’un écosystème, par ses fonctions diverses (de production, de régulation, culturelles) est difficile à déterminer
    • Mais certaines propriétés d’usages concomittants peuvent nous aider à les mesurer : des coûts d’évitement, des variations communes de prix, ou encore des proxies qui nous disent les choix
  • Les valeurs de non usage sont les plus difficiles à mesurer :
    • Quelle serait la valeur d’héritage, ou d’altruisme?
    • Comment faire pour qu’elles aient une “épaisseur”, une réalité, quand elles ne donneront pas lieu à des échanges économiques?

Panorama des méthodes

  1. Les méthodes par préférences (ou comportements) révélées: sont basées sur les comportements des gens, sur les transactions véritablement réalisées, c’est le gold standard
    • Principalement utilisées pour les valeurs d’usage
  2. Les méthodes par préférences (ou comportements) déclarées: sont basées sur des comportements déclarés, où l’on pas réellement pu observer les comportements des gens
    • Principalement utilisées pour les valeurs de non usage
  3. La méthode des transferts de bénéfices : face à la difficulté de réaliser de nouvelles études, on utilise parfois les résultats d’études existantes dans un contexte différent pour connaître localement les valeurs
  4. Des méthodes composites :
    • Utilisant des modélisations intégrées des dommages bio-physiques avec des modèles de choix,
    • Des méthodes identifiant précisément les éléments affectés, les mécanismes biophysiques et leurs conséquences, et les changements opérés, en restant sur des métriques non-monétaires, notamment via de l’inférence causale

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4. Quelles valeurs aujourd’hui?

  • Costanza et al, 1997 dans Nature, chiffrent le capital naturel et la valeur des services écosystémiques
  • En 1997 à plus de 30 trillions de dollars (base 1995), plus large que le PIB mondial aujourd’hui
  • En 2014, a 125 trillions de dollars en utilisant les mêmes méthodes
  • Plus récemment, le programme Efese lancé en 2012 a tenté d’évaluer une partie des services écosystémiques en France, aboutissant à une mesure de 50 milliards par an, soit 1.8% du PIB de 2023
  • Le Joint Reseach Committee de l’Union Européenne, en évaluant 8 services écosystémiques, aboutit à un chiffre plus modeste, autour de 18 milliards d’euros, soit 0.6% du PIB
    • Tout deux évaluent la pollinisation, les usages récréatigs, la séquestration du carbone etc, à différentes échelles spatiales

C. Comment prendre des décisions à leur propos?

Exemple : la création d’un parc naturel montagneux de 50,000 ha

  • Situation actuelle :
    • 20,000 ha de forêt exploitées
    • 15,000 ha de pâturages
    • 10,000 ha de zones naturelles peu modifiées
    • 5,000 ha d’espaces agricoles intensifs
  • Biodiversité :
    • 15 espèces menacées identifiées
    • 3 corridors écologiques majeurs
    • 5 zones humides d’importance
    • 2 000 hectares d’habitats prioritaires
  • Population et activités économiques :
    • 25 000 habitants répartis dans 15 communes
    • 200 exploitations agricoles employant 500 personnes
    • 50 entreprises forestières employant 300 personnes
    • 100 entreprises touristiques employant 800 personnes
    • Revenu moyen annuel par habitant : 25 000€

Exemple : les données économiques du projet

  • Coûts de mise en place : 50 millions €
    • Infrastructure et aménagements : 15 millions €
    • Formation et sensibilisation : 5 millions €
    • Compensation des restrictions d’usage : 10 millions €
    • Coûts administratifs : 20 millions €
  • Pertes économiques prévues : 27 millions €
    • Réduction de la production forestière : -8 millions €
    • Limitation de l’agriculture intensive : -7 millions €
    • Restriction du développement immobilier : -12 millions €
  • Gains économiques attendus : 70 millions €
    • Développement touristique : +30 millions €
    • Produits labellisés : +15 millions €
    • Subventions et aides : +25 millions €
  • Services écosystémiques valorisés : 70 millions €
    • Stockage de carbone : 20 millions €
    • Protection contre les risques naturels : 25 millions €
    • Qualité de l’eau : 15 millions €
    • Pollinisation : 10 millions €

Ex : objectifs, contraintes et parties prenantes

  • Impacts sociaux :
    • Création de 200 emplois directs
    • Maintien de 300 emplois agricoles menacés
    • Formation de 500 personnes aux nouveaux métiers
    • Développement de 20 projets d’écotourisme
  • Objectifs possibles :
    • Protection de la biodiversité
    • Développement économique durable
    • Maintien des activités traditionnelles
    • Adaptation au changement climatique
  • Contraintes :
    • Nécessité de maintenir l’emploi local
    • Respect des engagements climatiques
    • Préservation des usages traditionnels
  • Parties prenantes identifiées :
    • Collectivités locales
    • Agriculteurs et forestiers
    • Associations environnementales
    • Entreprises touristiques
    • Habitants
    • Scientifiques et experts

Analyse coûts bénéfices

  • Tous les coûts et bénéfices sont monétisés
  • Et mesurés dans le temps puis actualisés
  • On entreprend une action si \(B>C\)
  • Permet de comparer des projets de nature différente
  • Mais laisse une impression de réversibilité, ou prise en compte limitée de l’irréversibilité

\[B/C = 1.82\]

Chaque euro investi rapporte 1.82€, le projet est rentable

Analyse coût efficacité

  • On peut comparer les options sans monétiser
  • Permet de juger entre les options, mais pas l’option en elle même
  • Ex: coût/hectare conservé
  • Coût total : 77 millions
  • Bénéfices : 15 espèces protégées, 2000 ha, 500 emplois créés
  • Coût par espèce protégée : 5.13 millions €
  • Coût par hectare : 38 500 €
  • Coût par emploi : 154 000 €

Analyse multicritères

  • Plusieurs métriques
  • Permet d’éviter l’applatissement
  • Mais intègre une subjectivité dans le choix de pondération

Définissons quatre critères principaux avec leur pondération :

  • Protection de la biodiversité (35%)
  • Développement économique (25%)
  • Cohésion sociale (25%)
  • Adaptation climatique (15%)
  • Protection biodiversité (8/10):
    • Préservation de 15 espèces menacées
    • Protection de 2 000 ha d’habitats prioritaires
    • Maintien de 3 corridors écologiques
  • Développement économique (7/10) :
    • Création nette d’emplois
    • Développement touristique
    • Labellisation des produits
  • Cohésion sociale (8/10):
    • Maintien des activités traditionnelles
    • Formation de 500 personnes
    • Développement de projets collectifs
  • Adaptation climatique (7/10):
    • Stockage de carbone
    • Protection contre les risques naturels
    • Préservation des zones humides

Score pondéré = (8×0,35) + (7×0,25) + (8×0,25) + (7×0,15) = 7,6/10

Méthode délibérative

  • Intègre les perspectives des parties prenantes pour prendre en compte les aspects distributifs.
  • Et permet la négociation des intérêts
  • Phase 1 - Consultation initiale:
    • Réunions dans chaque commune
    • Questionnaire aux habitants
    • Entretiens avec les acteurs économiques
    • Résultats : identification des préoccupations principales (maintien de l’emploi, accès aux ressources, préservation des traditions)
  • Phase 2 - Groupes de travail thématiques :
    • Agriculture et foresterie -Tourisme et développement économique
    • Biodiversité et environnement
    • Vie locale et culture
    • Résultats : propositions d’ajustements (zones de transition, calendrier progressif, gouvernance participative)
  • Phase 3 - Ateliers de co-construction :
    • Cartographie participative des usages
    • Définition collective des règles
    • Élaboration des projets communs
    • Résultats : émergence de solutions innovantes (circuits courts, éco-tourisme communautaire, surveillance participative)
  • Phase 4 - Validation et engagement :
    • Présentation publique du projet final
    • Signature d’une charte d’engagement
    • Création d’un comité de suivi
    • Résultats : large adhésion au projet(80% de soutien) avec des adaptations significatives du plan initial

Bilan des méthodes

Méthode Forces Faiblesses
Analyse Coûts-Bénéfices (ACB) - Permet de comparer de façon objective les coûts et les bénéfices en termes monétaires.
- Favorise la transparence des choix par une approche quantitative.
- Difficulté à monétiser certains coûts/bénéfices (environnementaux, sociaux).
- Sensible aux hypothèses de valorisation et aux incertitudes.
Analyse Coût-Efficacité (ACE) - Idéale pour comparer des interventions produisant un même type de résultat.
- Plus simple à mettre en œuvre quand la mesure d’efficacité est claire et homogène.
- Ne prend pas en compte l’ensemble des bénéfices si ceux-ci sont multiples ou de nature différente.
- Ne traduit pas toujours la valeur sociale globale d’une intervention.
Analyse Multicritère (AMC) - Intègre de multiples dimensions (quantitatives et qualitatives).
- Permet la prise en compte de critères variés et de points de vue divers.
- La pondération des critères peut être subjective.
- Complexité d’agrégation des résultats et interprétation parfois difficile.
Analyse Délibérative (AD) - Favorise l’inclusion et la participation des parties prenantes.
- Encourage la discussion, la transparence et la légitimité des décisions.
- Processus long et potentiellement coûteux en temps.
- Moins systématique et difficile à reproduire ou à quantifier objectivement.

III. L’usage raisonné

A. Comprendre la surexploitation des pêcheries

Le modèle de Gordon Schaeffer

  • On s’intéresse à l’équilibre de long terme d’une zone de pêche avec une seule espèce, où la qualité de l’habitat importe peu
  • Pour trouver un mode de gestion qui maximise le profit escompté de la pêche (analyse coûts bénéfices)
  • En prenant en compte les déterminants écologiques et économiques de la pêche
  • La croissance de la population suit une loi logistique
  • L’équilibre de la population est le niveau de population où l’on aboutit lorsque la pêche est égale à la croissance :
    • Si la pêche est supérieure à la croissance, le stock décroit dans le temps et peut s’éteindre
    • Et inversement, il peut arriver à la capacité de charge de l’écosystème
  • Il existe à long terme une relation décroissante entre le niveau d’effort dans une pêcherie et la taille de la population
  • On en déduit à l’équilibre :
    • Une relation logistique entre l’effort et la pêche
    • Une relation décroissante entre la population et l’effort
  • Finalement, le profit d’un pêcheur est \(\Pi = p.y(E,X) - cE\)

#### De retour à la surexploitation
::: fragment :::

Deux zones de pêche

Equilibre d’accès libre et tragédie des communs

B. Quelles politiques mettre en oeuvre?

  • Que peut-on faire pour orienter l’OA vers le point de référence politique ?
    • Agir sur les facteurs du niveau d’effort de pêche :
      • Taxer les intrants
      • Limiter le nombre total de jours en mer
    • Introduire des réglementations techniques
    • Agir sur les captures :
      • Taxe sur les débarquements
      • Fixer des quotas globaux de capture : cela peut provoquer des situations de course à la pêche
  • Pour explorer les différents leviers de politique dans le cadre du modèle de Gordon-Schaeffer, vous pouvez utiliser l’application suivante : https://simon-jean.shinyapps.io/gordon_schaeffer/

En pratiques dans l’Union Européenne

  • En pratique, il est nécessaire de combiner plusieurs approches en raison des difficultés de suivi et de mise en œuvre
  • S’applique à l’année
  • Basé sur les évaluations de stocks
  • Négocié avec les pays non membres de l’UE pour les stocks partagés
  • Réparti entre les États membres de l’UE via des quotas nationaux définis dans le cadre de la Politique Commune de la Pêche
  • Accompagné du débarquement obligatoire :
    • Obligation de débarquer toutes les captures, et de les comptabiliser par rapport au quota (y compris les prises accessoires ou les poissons trop petits)
    • Valorisation dans d’autres filières (farine de poisson, etc.)
    • Incitation : les captures d’aujourd’hui influencent les quotas de demain, ce qui permet un complément de quotas
    • Cela favorise aussi le respect du système et l’amélioration des connaissances scientifiques
    • Sinon, risque d’amende et de suspension de licence
  • Permet de limiter les coûts administratifs, de préserver la rentabilité économique et de favoriser la conservation

RÈGLEMENT (UE) 2025/219 DU CONSEIL du 30 janvier 2025

Approches basées sur les droits (individuels)

  • L’absence de droits de propriété clairement définis (ou de faisceaux de droits) dans un contexte d’accès libre peut réduire les incitations à la conservation
  • L’idée est d’attribuer des quotas individuels aux pêcheurs, ou des droits d’accès géographiques
  • Afin que l’ensemble des bénéfices et des coûts revienne aux pêcheurs au fil du temps
  • Les droits devraient être transférables pour des raisons d’efficacité :
    • Les pêcheries à faible productivité peuvent surexploiter
    • Les pêcheries à forte productivité peuvent sous-exploiter
    • La transférabilité peut créer un marché où les droits sont échangés de manière à égaliser les coûts marginaux : \(c'(Y) = p - \pi_y\)
  • On pourrait aussi envisager des banques de conservation, où des acteurs achètent des droits de pêche dans une optique de conservation (voir Leonard et al., Science, 2021)

Limites et points de vigilance

Lire A Cautionary Note on Individual Transferable Quotas, R. Sumaila, Ecology and Society, 2010

  • Les droits de propriété ainsi définis ne sont pas complets :
    • Durée limitée
    • Risque de rejeter les poissons de faible valeur (low grading) et de rejets globalement
    • Nécessitent un suivi et une application des règles
    • Ne résout pas le problème de l’actualisation dans la gestion des pêches : si le taux de reproduction de la ressource est faible et que le taux d’actualisation est élevé, la conservation peut ne pas être jugée rentable
  • Les gains proviennent d’une réduction de l’intensité de pêche (donc une durée de campagne plus longue ou une baisse de l’emploi) ce qui peut entrer en conflit avec les besoins du secteur
  • Nécessite de bonnes informations scientifiques
  • Problème d’allocation initiale :
    • Risque de concentration en raison des gains issus des échanges
    • Peut entraîner des comportements monopolistiques, des inégalités sociales et du lobbying

C. Vers une gestion écosystémique

FAO, 2003:

Une approche écosystémique de la pêche tente de balancer différents objectifs sociaux, en prenant en compte les savoirs et les incertitudes à propos des facteurs biotiques, abiotiques et humains de l’écosystème ainsi que leur interadction, et l’application d’une gestion intégrée des pêcheries à l’intérieur des limites écologiques

En pratique, cela veut dire :

  • Prendre en compte la diversité des espèces
  • Ainsi que des valeurs et fonctions de l’écosystèmes : rôles des espèces non commerciales, protection pour motif spirituel, changement de modèle économique

EBFM aujourd’hui

IV. Conservation de la biodiversité

A. Conserver à tout prix : les aires protégées

1. Les biodiversity hotspots

  • Introduit par Norman Myers en 1988, le concept visait à identifier les régions
    • présentant une richesse exceptionnelle en espèces endémiques
    • tout en étant fortement menacées par la dégradation des habitat (70% de perte)
  • Priorisation de la conservation :
    • focus les ressources sur des zones critiques
    • la stratégie des hotspots permet d’optimiser les investissements en
  • Approche pourrait
    • négliger d’autres écosystèmes tout aussi importants, en concentrant excessivement l’attention et les financements sur un nombre restreint de zones.
    • intègre parfois insuffisamment les savoirs, besoins et droits des communautés locales, ce qui peut entraîner des conflits d’usage et réduire l’efficacité durable des stratégies de conservation.

2. La conservation par aires protégées

  • On veut remplir «l’Arche de Noé» (Weitzman, 1998): comment faire?
    • Il faut trouver les espèces qui «rapportent» le plus en termes de sauvetage : diversité spécifique, philogénétique etc
  • Utilisation de l’incidence des espèces, ainsi que des données de prix sur les zones de conservation (lire Ando et al., Science, 1998)
    • Différentes approches:
    • Set coverage problem (SCP) : minimiser une fonction de perte (nombre ou coût des réserves) sous contrainte de couverture des espèces
    • Maximal coverage problem (MCP): maximiser la couverture sous contrainte de budget
  • Pour le design de réserves optimales, avec le meilleur bang for buck

3. La critique institutionelle des modes de gouvernance de la conservation

  • La conservation :
    • Les aires protégées se diffusent depuis les années 1970, avec le tourisme de masse
    • Depuis les années 1980, différentes modalités se développent : du parc national aux aires “à gestion durable”, intégrant les populations locales
  • La priorisation doit encore faire ses preuves (période 1995-2005):
    • Pour répondre aux limites de l’extension pure des surfaces
    • La majeure partie des zones dans les hotspots date d’avant la désignation en hotspots
  • Face politique :
    • Méthodes employées par des ONG puissantes qui canalisent les financements (Nature Conservancy, WWF et Global 200)
    • Qui leur donne une place centrale
    • Et crée une concurrence entre ONG, freinant la coordination efficace des projets
    • Approche globalisée qui affaiblit les gouvernements nationaux et locaux

F.Coisy
  • Des approches moins “naturalisantes” comme le Conservatoire du Littoral:
    • Fondé en 1975 et membre de l’IUCN, sous l’égide du Ministère de l’Environnement
    • Rachète des terres (acquisition foncière) du littoral pour éviter le développement, les zones maritimes, les zones humides etc
    • Occupe 13% des côtes pour 203 762 hectares
    • Pour la préservation, le développement durable et l’éducation

4. Aux effets potentiellement limités

  • Au sein des aires protégées, la richesse spécifique et l’abondance tendent à se rétablir, aussi bien sur terre qu’en mer
  • Ce n’est pas toujours le cas : les zones protégées doivent avoir une forte valeur écologique
  • Résultats récents (Grupp et al., 2024) concernant l’Union européenne, qui protège 26 % de son territoire terrestre, proche de l’objectif 30x30, notamment via Natura 2000
    • Utilisation de la méthode de différence en différences échelonnée (Callaway & Sant’Anna, 2021)
    • Montre que les effets sur le couvert végétal et la pollution lumineuse nocturne sont proches de zéro, quel que soit le moment de la mise en protection
  • Pour les aires marines protégées :
    • Lorsque la surveillance et les sanctions sont bien en place, on voit moins de pêche dans les zones protégées et une récupération écosystémique (voir Sala and Giakoumi, 2018)
    • Sinon, les résultats sont moins clairs
  • En dehors de l’efficience du mécanisme, l’économie politique des aires protégées joue un rôle : le paradoxe bleu ou vert
    • Annoncer une politique qui obligera les pêcheurs à réduire leurs captures à l’avenir entraîne un report de l’effort vers le présent, ce qui accroît la pression avant la mise en œuvre effective
    • McDermott, Meng et al., 2018, étudient la Phoenix Islands Protected Area (Océan Pacifique), l’une des plus grandes aires protégées au monde
    • Ils constatent que les pêcheurs ont doublé leur effort dès l’annonce du futur statut de protection
    • Résultant en un point de départ appauvri, équivalent à 1,5 année de pêche interdite

B. Conserver des terres limitées aux usages rivaux: land sharing, land sparing

  • Sur terre, le changement d’usage des sols est la principale menace pour les espèces
  • Par ailleurs, conclure des contrats avec les propriétaires fonciers peut s’avérer une option plus satisfaisante dans un contexte variable et dynamique (tant que les coûts de transaction restent modérés)

Est-ce qu’il vaut mieux un système agricole intensif (avec des rendements élevés) qui permet de mettre plus de terre en conservation?

C’est le land sparing

Ou un système moins intensif (i.e. extensif, avec des rendements plus faibles) ave moins de terres en conservation?

C’est le land sharing

Tout cela dépend de la relation entre terre, rendement et biodiversité

  • En sachant qu’accroître les terres cultivées fait baisser le rendement moyen
  • Mais que moins de terres cultivées est bénéfique à la biodiversité
  • Que faire lorsque le lien entre rendement et biodiversité est :
    • Linéaire
    • Convexe
    • Concave

Sparing

Sharing

Controverse

  • Le débat bio/intensif pour nourrir l’humanité v. préserver la biodiv

  • Green et al. (2005), Phalan et al. (2011) : données empiriques disponibles : montrent une relation convexe biodiversité /rendement : en faveur d’une stratégie de land sparing

  • Fischer et al. (2011), Science. & Tscharntke et al. (2012), Biological Conservation.

    • Difficultés à protéger les espaces non cultivés.
    • Effets négatifs sur l’environnement de l’agriculture intensive avec produits agrochimiques ; services écosystémiques associés à la biodiversité agricole
    • Il peut y avoir biodiversité et rendement élevés (agroécologie)
  • Sparing mieux que sharing :
    • En particulier pour les oiseaux et les insectes,
    • tant dans les régions tropicales (Choco-Andes colombien, Ouganda) que dans les zones tempérées (Angleterre, Pologne).
    • Résultats parfois différenciés en fonction des espèces (animaux larges préfèrent le sparing, les plus petit plutôt le sharing)
    • Les approches agroécologiques et mélangeant les deux sont souvent mieux
    • Tout cela dépend du contexte local : espèce, type de culture etc
    • Voir:

C. Politiques publiques obligatoires

1. Définition

  • Définition d’un modèle :
    • Mécaniste, basé sur des équations avec des variables identifiées
    • Pour comprendre le lien entre scénarios et conséquences socio éconologiques
    • Exclut les méthodes statistiques simplement corrélatives
  • Une dynamique de population
    • D’une population sauvage ou faiblement anthropisée
    • Exclut : l’agrobiodiversité, certaines forêts, et la pollution atmosphérique et des sols
  • Un processus de décision émergent de la théorie économique
    • Module de décision clairement exprimé et modélisable
    • Admet plusieurs formulations : une utilité, une fonction de profit ou des consensus d’agents différents par simulation
  • Un lien entre les deux systèmes :
    • l’économie influe la biodiversité
    • Qui contraint ou influe sur l’économie
  • Permettent d’intégrer différentes valeurs :
  • Tradition européenne riche, beaucoup appliquée à l’agriculture européenne

2. Un exemple contemporain : les réseaux écologiques

V. Cocco et al. 2023, Relaxing the production-conservation trade-off: Biodiversity spillover in the bioeconomic performance of ecological networks, Ecological Economics

D. Les méthodes incitatives de compensation

1. Les formes de compensation

Les paiements pour services écosystémiques

  • Avec une valorisation monétaire croissante, il y a un intérêt pour l’utilisation de la notion de paiements pour services écosystémiques, afin d’inciter à la conservation
    • Transactions conditionnelles et volontaires à propos de services écosystémiques clairement définis, entre un utilisateur et un usager
    • Ex : séquestration, habitat, protection des paysages
  • Premier du type au Costa Rica (1997) avec le Pago Por Servicios Ambientales à l’échelle nationale pour calmer la déforestation
  • Au début des années 2000, il y en a plein en Amérique Latine
  • On y reviendra dans les modalités pratiques de conservation : dans le monde, les PES représentent 36-42 milliards de dollars de transactions par an autour de l’eau, la forêt, la biodiversité

La compensation écologique

  • Existe depuis les années 1970, avec le recul de certaines lois fédérales de conservation aux Etats Unis, pour une mise en place plus tardive dans les zones humides
  • En France depuis 1976, puis en 2004 avec les directives européennes sur les pollueurs payeurs, elle a été renforcée notamment avec la loi biodiversité de 2016
  • Elle doit être prise comme l’aboutissement de la séquence “Eviter, Réduire, Compenser”:
    • Les projets d’aménagement doivent éviter la destruction des milieux naturels, réduire leurs atteintes, et dans le pire des cas, compenser
    • De façon à n’avoir aucune perte nette de biodiversité, voire des gains
  • En France, la Caisse des Dépôts et Consignations a une branche qui peut vendre des crédits de compensation à des maîtrises d’ouvrage avec 4 sites qui fournissent des crédits
    • De façon générale, les banques de compensation détiennent des terres pour vendre des crédits de compensation écologique

3. Critiques opérationnelles

Additionalité

En l’absence d’intervention, de paiement, l’état de la nature aurait été dégradé i.e. il aurait davantage souffert ou n’aurait pas pu se régénérer, donc l’intervention permet l’absence de perte nette

  • Evaluations :
    • ex-ante légères : facile de dire que c’est compensable
    • ex post insuffisant : on vérifie peu (0.2% des cas vérifiés)
  • Pour la compensation écologique : Moreno-Mateos et al., 2012
    • Dans les sites restorés, en zone humide, après 100 ans
    • Les structures biologiques et les fonctions biogéochimiques demeurant \(\approx\) 25% moindres que dans les sites de références
  • Comme le cas Vera :
    • Standard de compensation carbone parmi les plus reconnus au monde
    • Présentée comme garantissant l’additionnalité de la séquestration carbone pour produire des crédits carbone
      • Dans un scénario contrefactuel, une partie des terres aurait été déforestée
      • Dans le scénario réel, grâce au paiement pour services environnementaux (PSE), ce n’est pas le cas
    • La question principale est : à quel point le scénario contrefactuel est-il robuste ?
      • C’est la problématique centrale de l’inférence causale
      • En réalité : la plupart des crédits n’étaient pas additionnels
  • La question est : comment estimer l’additionnalité des projets certifiés de séquestration carbone ?
  • Plusieurs problèmes :
    • Pas d’observation du contrefactuel
    • On a plusieurs projets avec des caractéristiques très spécifiques : difficile de concevoir une étude avec groupe témoin/groupe traité
    • Peu d’unités statistiques
  • Utiliser la méthode du contrôle synthétique (voir Abadie, Journal of Economic Literature, 2021)
    • Permet de résoudre le problème du faible nombre d’unités dans les études observationnelles
    • En utilisant un contrôle synthétique, c’est-à-dire :
      • Trouver des pondérations qui combinent des unités similaires
      • Pour reproduire les tendances passées de l’unité traitée avant traitement
      • Et utiliser ces pondérations pour simuler le contrefactuel post-traitement

T. West et al., Action needed to make carbon offsets from forest conservation work for climate change mitigation, Science, 2023

  • Évaluation de 26 programmes REDD+ dans 6 pays
    • Réduction des Émissions issues de la Déforestation et de la Dégradation des forêts : cadre développé dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, lancé en 2008
    • Vise à fournir des incitations via des mécanismes volontaires pour réduire la déforestation
    • Le “+” intègre la conservation, la gestion durable et l’augmentation des stocks de carbone

Substituabilité :

Caractère de remplaçabilité des écosystèmes détruits, à la foid naturel et social (voir Devictor, 2018

  • Dans le cas des PES pour du carbone : une tonne de carbone n’as pas les même impacts partout, mais elle peut être stockée de façon relativement homogène
  • Pour la biodiversité : c’est plus compliqué:
    • Une extinction locale n’a pas des effets linéaires : points de retournement
    • Une biodiversité est le résultat de contingences historiques que l’on ne peut pas reproduire
    • Difficile de délimiter dans l’espace le commencement d’une communauté, d’un écosystème : les spatialités de la compensation et de la nature ne sont pas les mêmes
    • Destruction du destructible et de l’invisible, aussi important
  • Par ailleurs, les bénéfices sociaux ne sont pas localisés:
    • La compensation permet une solution win-win potentielle si les développeurs rénovent et compensent
    • Mais c’est souvent les personnes les plus pauvres qui sont lésées: “poor sell cheap”, on accorde peu de valeurs aux zones habitées par les pauvres
    • Ce ne sont pas les mêmes personnes qui sont compensées de la perte de la nature (cf. environnementalisme des pauvres)

Le crowding out

  • Le paiement risque de changer les motivations des gens:
    • de intrinsèques, elles deviendraient extrinsèques : le rapport à la nature change, et diminue l’effort fourni pour préserver la nature
      • Par exemple, Chervier et al. 2019, au Cambodge, montrent que post traitement, une part significative des traités arrêteraient la conservation
    • Ce n’est pas toujours le cas : parfois, la reconnaissance des capacités des gens, de leurs techniques etc, les pousse à préserver encore mieux
      • Moros et al, 2023 montrent dans le cadre d’une expérience que le “crowding out” n’est pas présent, et il y aurat même du “crowding in”, car l’effet de l’intervention dure après sa fin.
    • Les conditions de mise en oeuvre des PES et du contexte sont clés : “communication and verbal rewards, inclusive and participatory decision-making, and monitoring and sanctioning procedures might harm or enhance intrinsic motivations” (Ezzine-de-Blas et al., 2019)

4. Critiques conceptuelles

  • La valeur comme mesure n’est pas indépendante:
    • des valeurs comme préférence : évaluation contingente
    • Elles mêmes liées aux valeurs comme normes
    • On est loin des quantités claires physiques

Monétisation, commodification, financiarisation : l’opportunité du capitalisme de dépasser ses limites

Processus de commodification chez Marx, selon lequel (schématiquement):

  • Transformation en marchandise : un objet devient produit pour son usage marchand
  • Abstraction de la valeur d’usage : la valeur d’usage devient secondaire, par rapport à la valeur d’échange
  • Fétichisme de la marchandise : les relations sociales entre producteurs se changent en relations entre objets. Les marchandises existent pour elles seules
  • Universalisation de la forme marchande : le capitalisme tend à transformer de plus en plus d’aspects de la vie en marchandises

[Pour Maris : ]

  • La monétisation est le premier pas vers la commodication, par l’appropriation des services écosystémiques
    • emprunté à Marx: transformation de biens en objets quantifiables et échangeables
    • L’objet doit être réductible : on peut le délimiter, on peut découper les services écosystémiques
      • Les écosystèmes sont complexes et difficilement réductibles
    • Appropriable : on doit pouvoir identifier les propriétaires des biens fournis par les écosystèmes
      • Postulat anthropocentrique
      • Appropriation difficile à la Locke si pas de travail, ni d’investissement
    • Substituable : on doit pouvoir le substituer pour trouver une valeur d’échange
      • Compenser c’est risqué
      • L’histoire écologique est clé, et difficilement reproductible
      • Avec du capital matériel
  • Dans la pratique:
    • Valorisation
    • Assetization : l’assetization qui est de considérer le capital naturel comme un actif ce qui constitue dès lors une forme de commodification - l’écriture comptable est un moment clé
      • en enregistrant le capital au passif, on reconnait une obligation envers des entités non-humaines
    • Appropriation & privatisation
    • Echange

Chez Costanza

  • L’évaluation est une commodication ou une privatisation
    • Mettre une valeur monétaire serait équivalent à mettre un prix, et créer une marchandise échangeable
    • Mais les caractéristiques de plein de SE l’empêchent, en employant l’idée de bien commun (rivalité et exclusion)
    • Les marchés de carbone ne reflètent pas la valeur de la séquestration
    • Les PES n’utilisent pas une valeur de marché pour fixer les paiements : on prend le coût d’opportunité plutôt que la valeur des ES, reflétant le côté bien public
  • La possibilité de financiariser les crédits de biodiversité, de compensation ou de carbone
    • permet le dépassement des limites physiques
    • en une opportunité économique, en une nouvelle frontière d’accumulatioon
  • Par de nombreux acteurs (Sullivan, 2018)
    • Fonds d’investissement spécialisés, avec des index financiers liés
    • La nature étant un capital, il est normal qu’elle soit gérée comme un compte en banque : CDC Biodiversité etc
    • Produits dérivés : les risques écologiques deviennent des actifs financiers échangeables (comme des produits dérivés d’assurance), invitant à la spéculation

L’extension du marché?

  • L’économie est simplement le marché - Costanza
    • Pas de demande directe pour la plupart des services
    • L’économie dépasse le marché: c’est une forme particulière institutionnelle pour les échanges
    • L’évaluation des services écosystémiques nécessite de prendre en compte la soutenabilité, et la justice
  • L’expression de valeurs monétaires est fondée sur le marché - Costanza
    • Des méthodes basées sur les dommages évités ou le coût de remplacement n’utilisent pas les marchés
    • Plusieurs méthodes pas basées sur des transactions réalisées
    • Cela utilise toujours des prix de marché…
  • Dans un monde d’arbitrages, évaluer n’est pas un choix, cela arrive implicitement - Costanza
    • L’existence reconnue des ES implique leur valorisation dans des arbitrage
    • Il faut des valeurs claires pour faire des choix explicites

Approches par les droits et conservation

  • Les services écosystémiques sont un concept anthropocentrés
    • Définis comme des caractéristiques, procédés et fonctions écologiques
    • Contribuant aux hommes, si les écosystèmes fonctionnent de façon intact
    • Usage du concept de Nature Contribution to People pour avoir moins d’idée sémantique de servitude et reconnaître la dépendance humaine aux écosystèmes
    • Défense d’une interdépendance, pas une approche anthropocentrique, entre espèces
  • Les valeurs intrinsèques sont à propos des droits, pas de la valorisation
    • Les mauvaises définitions de la valeur: la valeur mesure, et la valeur concept
    • La valeur relative pour l’achèvement de fins, des valeurs instrumentales
  • Les évaluations et les approches basées sur les droits sont mutuellement exclusifs
    • Les approches doivent être en fait complémentaires, car on ne parle pas des mêmes choses : on peut reconnaître une valeur mesure et une valeur norme
    • On doit éviter la commodification et la privatisation, pas l’évaluation

Wikipedia
  • La rivière Magpie au Canada, a acquis des droits en tant que personne morale en 2021:
  • le droit de vivre, d’exister et de couler ;
  • le droit au respect de ses cycles naturels ;
  • le droit d’évoluer naturellement, d’être préservée et d’être protégée ;
  • le droit de maintenir sa biodiversité naturelle ;
  • le droit de maintenir son intégrité ;
  • le droit de remplir des fonctions essentielles au sein de son écosystème ;
  • le droit d’être à l’abri de la pollution ;
  • le droit à la régénération et à la restauration ;
  • le droit d’ester en justice ;
  • Sa protection est assurée par des Gardiens de la rivière nommés par la MRC de Minganie et la Première Nation des Innu de Ekuanitshit.
  • Des status similaires existent au Pérou
  • Des luttes existent pour étendre ce statut au fleuve Maroni par exemple, pour lutter contre l’orpaillage

Simplification(s) et gouvernance - la critique de Norgaard, 2011

  • Le modèle stock-flux ne capture pas toutes les richesses et complexités écosystémiques
  • Elle ignore également les boucles co-évolutives, menant à de potentielles erreurs de gestion, à propos de la résilience ou des points de retournement
  • La gestion par PES suppose une approche fine qui génère des coûts de transaction élevés, qui rend difficile l’ajustment aux conditions écologiques
  • Mobilise une analyse en équilibre partiel :
    • Conduisant à une sous estimation des services écosystémiques,
    • La perspective intertemporelle est mal prise en compte, ainsi que la nécessité de la transition
    • Il faut une analyse générale et intertemporelle
  • Il faut refonder le concept :
    • Pour éviter de se baser sur le marché, insuffisante, car pas globalement efficient
    • Pour intégrer la pluralité des méthodes en écologie, pour mieux prendre en compte le phénomène
    • Et transitionner vers une gouvernance mondiale équitable, où l’on admet la surexploitation des pays du Nord de ces services

Conclusion